Le visage de la dame s’anima d’un bref sourire sarcastique. Non, elle n’était pas en mesure de marchander, mais peu importe ce que les gens disaient, il y avait toujours un choix à tout. Le sien, visiblement, était de mourir aujourd’hui aux mains d’un arrancar qui lui était inconnu. Sanguinario Sitharion, ce nom n’était pas ordinaire, mais au final, n’avaient-ils pas tous des noms hors du commun ? Hana avait froidement refusé les règles de son contrat.
Sa vue devenant un peu floue, elle ne fit qu’entendre son ennemi naturel rengainer son épée dans un frottement de métal distinct. Puis ensuite vint la brise dans son dos et un horrible frisson lui parcourut l’échine. Trop tard, il était déjà derrière elle, la surplombant d’une tête ou peut-être deux, elle n’avait pas tout à fait analysé la hauteur de sa masculine silhouette. Un peu molle, c’est à peine si la shinigami se débattit lorsque son dos se pressa de force contre le torse de l’araignée. Elle sentit sa main dégoûtante effleurer son bras pour ensuite s’arrêter dangereusement sur sa gorge. Comment osait-il la toucher ainsi ? Ah le chien, ah le vilain insecte !
Le quatrième siège sentit quelque chose couler le long de sa joue et ses yeux pâles se mirent à picoter désagréablement. Elle savait pertinemment qu’il ne s’agissait pas de larme, la noble ne s’abaisserait pas à un tel niveau devant un arrancar. Quelque chose de chaud et humide se glissa sur sa peau et lui arracha un hoquet horrifié qui se termina en une vilaine quinte de toux noyée dans du sang poisseux. Son maquillage était ruiné, assurément. La toile avait été tissée, on lui barrait toute fuite possible et… comme elle détestait la façon dont son bras se pressait contre sa poitrine !
- Dégagez, hoqueta la jeune femme dont les sens semblaient être ravivé par son honneur de femme en péril. Puis, elle ne vit plus rien et les bruits environnants disparurent tous en même temps.
Une brûlure intense lui déchira la chair et un cri s’étouffa au fond de sa gorge pendant que ses dernières forces la faisaient se débattre frénétiquement. Dans un élan désespéré, elle jeta sa main libre et tremblante vers le visage qui lui dévorait le cou sans pudeur pendant que la seconde tenait fermement Sentaiyou qui peinait autant qu’elle de rester éveiller. Son index frôla une mèche de cheveux blancs, puis le bout d’une oreille avant de tomber mollement, laissant derrière elle une discrète et distincte particule blanche qui se mêla aisément à la blancheur des cheveux du prédateur.
Elle hoqueta à nouveau, et ce, même si le terrible affront n’avait duré que le temps de quelques secondes. Hana se sentait sale, dépourvue de toute forme de défense. Son sang s’éjecta de la nouvelle plaie laissée derrière par l’araignée et son venin la poignarda à nouveau. Ses jambes fléchirent sous son poids, il n’y avait que la poigne de la bête pour la maintenir en place. Que la vulgaire bête…
Quand il se retira, la dame fit quelques pas vers l’avant, tendant de mettre désespérément de la distance entre eux, puis se laissa choir lourdement sur l’herbe, une main tremblante sur la blessure infâme qui commençait déjà à la hanter. Pour préserver son honneur, elle tenta de remettre un peu d’ordre dans son collet, tentant de cacher ce brin de peau dénudé et blessé. L’heure n’en était peut-être pas à la pudeur, mais elle se sentait totalement disgracié par son geste. « Une belle expérience telle que moi, fils de… » Songea sombrement la dame avant de cracher de son sang empoisonné sur la verdure.
Cette enflure la narguait avec sa fiole de soit disant antidote. Le sachant pleinement fourbe, qui pouvait dire s’il s’agissait réellement d’un antidote et non d’une autre horrible drogue ou n’importe quoi pour la faire sombrer de la manière la plus tordue qu’il soit.
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Allez en enfer, cracha-t-elle pendant que ses doigts se plantèrent rageusement dans la terre meuble. Elle était le papillon coincé au centre de la toile, piégée et vulnérable.
Hana peinait à garder un rythme de respiration régulier. Son cœur tapait si fort qu’elle croyait défaillir à un moment ou à un autre, mais pas devant lui. Si elle devait périr, elle ne lui offrirait pas ce spectacle. Ordure. Sa tête tourna encore et encore, elle n’avait même plus la force de se débarbouiller le visage ou la bouche. Ses yeux brûlaient, sa bouche goûtait l’enfer, ses poumons n’étaient plus que poussière.
Fiévreuse, Hana s’allongea mollement sur la pelouse, le regard vitreux, presque morte. Toutefois, son cœur battait toujours et elle gardait désespérément sa main sur son zanpakuto. Son visage était étrangement inexpressif sauf pour l’ombre d’un coin de bouche relevé. Le chef du clan Uranara sombrerait dans l’oubli, mais avant cela, elle deviendrait une magnifique et putride charogne. Elle aurait voulu danser une dernière fois, elle désiré admettre à son capitaine qu’il était l’exemple qu’il s’efforçait de suivre après son honorable grand-mère, elle aurait souhaité prendre le thé une dernière fois dans son jardin et jouer d’un instrument de son choix. Pathétique.
- Sanzai suru, kemono no hone ! Sentō, kōshō, kōtetsu no sharin. Ugokeba kaze, tomareba sora. Yariutsu neiro ga kōjō ni michiru! Hadō #63. Raikōhō !Un rayon de lumière foudroyant fit vibrer l’air en direction de l’arrancar, puis un homme apparut aux côtés d’Hana, se mettant rapidement à genoux à ses côtés.
- Oi, Hana-sama ! s’exclama Rihei, l’expression impossible à déchiffrer et une main un peu brûlée. Visiblement, son sort n’avait pas été un succès à cent pour cent, mais il avait fait de son mieux.
Hana-sama, Hana-sama !Les paupières de la dame se rouvrirent péniblement sur une sclérotique gorgée de sang. Malgré son corps faible, le quatrième siège réussi à jeter un regard à son collègue et sembla lui dire silencieusement qu’il était trop bruyant. Pendant ce temps, l’écran de poussière créé par l’explosion se dissipait déjà.
Les mains du jeune homme se crispèrent sur l’uniforme de la shinigami. Il ne comprenait pas pourquoi la chef du clan Uranara avait terminé dans un tel état. Il reconnaissait les effets malicieux d’un violent poison. Il ne comprenait pas pourquoi son uniforme était de travers et pourquoi son cou était en sang et rougie par une agression quelconque. Il n’avait pourtant pas le temps de la questionner sur le sujet et il douta que la dame fut en mesure de répondre quoi que ce soit d’intelligible. Étrangèrement, la shinigami serrait toujours désespérément son zanpakuto dont la lumière semblait disparaître.
- Rihei, souffla douloureusement le quatrième siège en dirigeant son regard gorgé de sang vers leur adversaire commun.
Ça ne sert à rien de l’affronter, il a une longueur d’avance, mais je peux nous faire gagner suffisamment de temps, je crois. Elle cligna des paupières une fois.
Le lotus fleurit toujours, et ce, même dans la misère. Le jeune l’observa un instant avant d’hocher doucement de la tête. Si la dame affirmait qu’il valait mieux fuir cet individu, alors il lui ferait confiance. Rihei n’avait pas réellement le choix, il s’agissait de sa patronne, celle qui donnait les ordres.
- Très bien, ma dame, comme vous voulez, répondit-il simplement avant de la prendre telle une princesse.
J’ai toujours voulu jouer les héros de toute façon.Hana afficha une expression qui était très loin d’être amusée, puis ils disparurent d’un shunpo dans la direction opposée. La dame voyait à peine les bâtiments apparaître dans leur sillage, les arbres ou une quelconque végétation. Ses doigts se refermèrent brusquement sur le zanpakuto qu’elle conservait contre sa poitrine et elle peina à mouvoir ses lèvres pâles. Un sourire tenace, toutefois, sembla se peindre sur ses lèvres.
- Le poison est l’arme féminine par excellence, ce qui aurait dû être ensuite un petit rire arrogant ne fut qu’une quinte de toux alarmante.
Yon-Banme no sekkyō, shiroki…Puis, le quatrième siège ferma ces faibles paupières, son esprit écrasé par la ténacité du poison qui la rongeait de l’intérieur. Elle ne remarqua pas son épingle à cheveux qui fuit sa chevelure un peu en désordre pour sombrer dans le sillage des deux shinigami. Son zanpakuto reprit aussitôt sa forme scellé, mais le sortilège était déjà lancé. Sa technique la plus douloureuse serait, par chance, son dernier essai à gagner ne serait-ce que les quelques secondes nécessaires pour ouvrir le senkaimon ce que Rihei ne tarda pas à faire.